ISS : arrêt prévu pour 2024, quel est l’avenir de la station orbitale ? Par Aymeric Geoffre-Rouland le 7 septembre 2021 La Station spatiale internationale (ISS), l’une des mégastructures les plus chères de l’histoire, orbite dans l’espace depuis des décennies à plus de 340 kilomètres de nos têtes. Et elle y restera pour l’instant, même si son avenir reste encore incertain. Avec l’arrêt du programme prévu par la NASA en 2024, qu’adviendra-t-il de la station orbitale ? ISS © NASA La Station spatiale internationale est une station spatiale placée en orbite terrestre basse, fruit d’un programme lancé et piloté par la NASA, conjointement avec l’agence spatiale fédérale russe, avec la participation des agences spatiales européenne, japonaise et canadienne. Occupée en permanence par un équipage international — dont Thomas Pesquet, récemment promu commandant — qui se consacre à la recherche scientifique dans l’environnement spatial. Au cours des vingt dernières années, la Station spatiale internationale a été le deuxième chez-soi de l’humanité : elle a accueilli des centaines d’astronautes, de 18 pays. Elle a servi de plateforme pour des expériences scientifiques qui ont fondamentalement changé notre compréhension de la biologie humaine, du changement climatique et de l’univers en lui-même. Elle a également été un terrain d’essai pour les technologies futuristes comme les terminaux de communication quantique et favorisé la naissance d’une industrie spatiale commerciale plus dynamique. L’ISS est une création sans précédent, mais toutes les bonnes choses ont une fin. Alors, que se passera-t-il une fois que la NASA aura officialisé l’arrêt du programme ? Quel avenir pour la Station spatiale internationale ? Avec un assemblage en orbite débuté en 1998 et une construction qui s’est achevée en 2011, l’ISS n’est malheureusement pas éternelle. Malgré l’intérêt des longs séjours dans l’espace, le coût du maintien des opérations (environ 3 milliards de dollars par an pour la NASA), l’obsolescence des composants (la date limite d’utilisation théorique commence dès 2013 pour les modules les plus anciens) et d’autres paramètres mis en cause, son heure est proche. La NASA et les partenaires internationaux de l’agence ont garanti un soutien à l’ISS jusqu’en 2024, et certains partisans du Congrès ont préconisé de prolonger le budget de la station spatiale de l’agence jusqu’en 2028. La suite est à deviner, mais il y a de fortes chances que cela implique la mise au rebut de l’ISS, en utilisant plutôt des stations spatiales commerciales privées. Il y a quelque temps, l’agence a déclaré l’ISS ouverte aux affaires à la bourse du Nasdaq. L’administration Trump a lancé l’idée d’une subvention pour aider à la transition de l’ISS vers un opérateur commercial. La logique est simple : les responsables de la NASA veulent construire des bases lunaires et envoyer des astronautes sur Mars, ce qui est difficile à faire lorsque l’agence doit débourser près d’un cinquième de son budget annuel pour garder les lumières allumées sur l’ISS. Voir aussi : SpaceX : les plus beaux clichés de la mission de réapprovisionnement de l’ISS Pourtant, la NASA a besoin d’une plate-forme de recherche avec équipage en orbite terrestre basse pour tester les technologies qui maintiendront les humains en vie sur d’autres mondes. En s’appuyant sur l’industrie privée pour construire et exploiter de nouvelles stations spatiales, la NASA peut concentrer ses efforts sur la poussée des humains plus profondément dans l’espace. En 2020, la NASA a par exemple accordé à Axiom Space le droit d’attacher l’un de ses propres modules d’équipage à l’ISS. Le plan de la société est de lancer son premier module vers la station spatiale d’ici à 2024 et de se développer à partir de là, avec d’autres modules prévus à l’avenir. L’entreprise prévoit, à terme, d’installer jusqu’à 4 modules, qui seront ensuite séparés pour former une nouvelle station spatiale, indépendante. Sans l’intérêt d’entreprises privées, l’ISS sera désorbitée : il sera nécessaire de réaliser son démantèlement et de contrôler sa rentrée atmosphérique, pour que les débris parvenant au sol soient de taille limitée et tombent dans des zones inhabitées. La désorbitation de la station relève de la responsabilité de la NASA. Différents scénarios sont à l’étude, avec un coût estimé à 2 milliards de dollars. Pour ce qui est de l’après, la NASA a également déjà prévu la construction d’une station orbitale lunaire, la Lunar Orbital Platform-Gateway, qui devrait être assemblée au cours de la décennie 2020. Elle aura pour but, à terme, de permettre des expéditions avec équipage vers le sol lunaire (programme Artemis) et des missions habitées vers Mars. Et pendant ce temps, la Chine a déjà lancé Tianhe, le premier module de sa future station spatiale… Article précédent Mars : le rover chinois Zhurong capture un panorama saisissant de la planète rouge septembre 6, 2021 Article suivant Mars : Perseverance a collecté son tout premier échantillon de roche martienne septembre 7, 2021