ADN : ce crayon peut directement éditer les gènes pour vaincre les maladies !
Des chercheurs viennent de mettre au point un éditeur d’ADN avec pour but de vaincre plusieurs maladies. Ce « crayon génomique » n’est pas encore prêt à être utilisé pour traiter des patients, la technique étant pour le moment limitée. Les chercheurs continuent toutefois de la peaufiner avec pour objectif, à terme, d’être en mesure de soigner certaines maladies génétiques comme la cécité ou la surdité de naissance.
Dans le monde scientifique, le domaine de la génétique est l’un de ceux qui sont le plus marqués par d’importantes évolutions ces dernières années. On parle beaucoup de l’enzyme Crispr-Cas9, un outil révolutionnaire qui permet de modifier plus facilement et avec précision des séquences d’ADN. Il s’agit d’une sorte de « ciseau moléculaire » qui peut s’introduire dans le génome et couper une partie précise de l’ADN. Si les avancées apportées par cette technique étaient déjà considérées comme énormes dans le domaine du génie génétique, des chercheurs sont allés encore plus loin.
Un « crayon » pour réécrire l’ADN à la lettre près
Il faut dire que cette technique prometteuse rappelle un peu la nouvelle chirurgie chimique présentée par des chercheurs chinois il y a quelques semaines. Plutôt que d’aller retirer une partie de l’ADN pour corriger une anomalie génétique, la nouvelle technique permet de réécrire le génome à la lettre près, une méthode plus flexible qui est expliquée par David Liu, le principal auteur de l’étude.
Si l’on veut faire une analogie, si Crispr-Cas9 peut être considéré comme un ciseau moléculaire, les éditeurs de bases sont des crayons. (…) Si pour certaines applications, les ciseaux sont le meilleur outil, pour d’autres, comme le fait de changer une seule base, le crayon est meilleur
Vous l’aurez compris, l’appellation « crayon génomique » est purement métaphorique tout comme l’est le nom « ciseau moléculaire » attribué à l’enzyme Crispr-Cas9. Le nouveau système dit « éditeur de base » supprime les mutations génétiques en transformant la paire de lettres T-A en G-C, offrant donc la possibilité de corriger de nombreuses mutations. La lettre A est mise pour adénine, le T pour la thymine, le C pour la cytosine et le G pour la guanine. Il s’agit des bases chimiques dont l’ordre de succession détermine le patrimoine génétique de chaque individu.
Jusque-là, les scientifiques n’avaient réussi qu’à convertir les paires de bases G-C en paires de bases T-A. Cette modification n’impactait qu’environ 15% des maladies associées à une mutation ponctuelle, selon le chercheur Liu. Or, le plus souvent (plus de la moitié des maladies liées à des mutations ponctuelles), l’anomalie provient d’une paire de bases G-C qui s’est transformée en une paire A-T.
Les chercheurs étudient donc la possibilité de soigner plusieurs types de maladies dont centaines maladies du sang, la cécité, la surdité de naissance ou encore certains troubles mentaux. Mais avant d’y parvenir, il reste encore du chemin à parcourir, notamment la réalisation de nombreuses autres expérimentations dans les laboratoires.