Certains singes seraient très près de pouvoir parler comme les humains Par Romain Bonnemaison le 15 décembre 2016 Et si les singes pouvaient parler comme des humains ? De nouvelles découvertes montrent que l’anatomie de la bouche et du larynx du singe pourrait lui permettre de parler comme nous, et que ce qui lui manque, c’est en fait un contrôle suffisant de tous les muscles. Mais des expériences menées sur de grands primates montrent que ces derniers sont en fait justement capables d’un contrôle beaucoup plus avancé qu’on ne le pensait jusqu’alors. C’est une découverte fascinante à plus d’un titre. En effet, cela fait longtemps que l’on étudie les primates, nos plus proches cousins de l’évolution. On a même pu apprendre à certains le langage des signes, ce qui permet une certaine et étonnante communication. L’un des exemple les plus célèbre c’est Koko, une gorille femelle née en 1971. Elle maîtrise un millier de mots en langue des signes et en comprend au total 2000. Koko a été très souvent filmée, autant lors d’expériences, de séances d’apprentissage, ou sa réaction par exemple lorsqu’elle a appris la mort de son animal de compagnie, un chat. Elle a d’ailleurs demandé un nouveau chat pour ses 44 ans. Bref, même sommairement et avec des signes, elle est déjà capable de s’exprimer comme le ferait un humain. C’est à dire de manipuler des concepts, et de créer une phrase qu’elle peut exprimer avec des signes. Donc pouvoir s’exprimer : check. Mais quid de la parole ? Après tout, on pourrait peut-être essayer d’apprendre à ces singes la parole. Pas si simple. Il y a d’abord ce que l’on pensait jusqu’ici : l’absence de language parlé chez les singes, c’est avant tout une question d’anatomie. Et du coup la boucle est bouclée, les singes ne parlent pas et ne le peuvent de toute façon pas. Grâce à des modèles issus d’observations in vivo aux rayons X, une équipe de chercheurs de l’université de Vienne vient pourtant de montrer que les macaques étaient capables de former 99 configurations différentes avec leur appareil vocal. Ce qui peut leur permettre d’articuler des phrases compréhensibles par l’homme, selon leurs résultats publiés dans la revue Science. Mais ce n’est pas tout : certaines espèces comme les cercopithèques ont été observés en train d’utiliser un langage articulé doté d’un embryon de grammaire. Ces derniers utilisent des mots avec un système de suffixes. Ainsi, Hok va-t-il attirer l’attention sur un aigle et Hok-oo sur quelque-chose se situant en haut, tout près. Bref à lever la tête. Des découvertes qui remettent beaucoup de choses en question Les cercopithèques ont quelques autres mots et suffixes dont on peut entendre des enregistrements dans l’étude Campbell’s Monkeys Use Affixation to Alter Call Meaning sur la revue PLOS One. Alors pourquoi n’arrive-t-on pas pour le moment à leur faire dire des mots humains ? Selon les auteurs de l’étude en source de cet article, cette incapacité viendrait d’une difficulté à contrôler avec une précision suffisante tous muscles impliqués dans la parole. C’est mieux d’ailleurs que ce que l’on pensait. Les chercheurs relèvent, en revenant sur des vidéos de Koko, qu’elle est en fait capable de contrôler son souffle par exemple, pour souffler dans une flute. Ou à tousser sur demande, ce qui paraissait auparavant trop complexe selon de nombreux scientifiques. Du coup, on peut se demander si via l’apprentissage il n’est pas possible d’aller de plus loin, avec de nouvelles techniques. Et peut-être réussir à leur faire dire des mots ! À lire aussi : Ce petit animal d’eau douce a un remède miracle contre l’infertilité Au delà, ces découvertes sont d’autant plus fascinantes que l’on sait encore mal expliquer comment le langage parlé est né chez l’être humain. Peut-être l’observation des primates, qui en sont si proches, aidera-t-elle à lever un autre coin du voile sur ce qui reste l’un des grands mystères de l’humanité. Au cas où vous ne seriez pas encore tout à fait convaincus, voici quelques vidéos de Koko en pleine action : Via Via advances.sciencemag.org/content/2/12/e1600723.full Article précédent Fusion nucléaire : un réacteur concurrent d’ITER semble tout près du but décembre 9, 2016 Article suivant Robots sexuels : des experts pensent qu’on pourra se marier avec, un jour décembre 22, 2016