Cette batterie radioactive donnerait 12 ans d’autonomie à nos smartphones
Une nouvelle batterie radioactive au tritium serait capable de donner une douzaine d’années d’autonomie à nos smartphones. Déjà utilisé dans certains porte-clés et montres lumineuses, le tritium, bien que radioactif, n’est pas aussi dangereux que d’autres matériaux de ce type. Il a en effet une demi-vie assez courte, et son rayonnement bêta de faible énergie peut être arrêté par une feuille de papier. Mais le tritium n’est pas non plus anodin.
La découverte peut paraître incroyable, mais on comprend vite qu’une durée de vie de 12 ans pour une batterie ne peut être obtenue par une technologie conventionnelle pour le grand public. Un ingénieur Ukrainien n’a pas hésité en effet à créer une batterie en utilisant du tritium (3H), un isotope radioactif de l’hydrogène qu’il imagine bien s’insérer un jour dans nos smartphones. Le problème, c’est justement que le tritium est radioactif.
Pas autant que l’uranium enrichi ou le plutonium. Surtout sa demi-vie n’est que de 12 ans (sa radioactivité diminue de moitié tous les 12 ans), et il émet essentiellement des rayons bêta de faible énergie qui peuvent être arrêtés par une simple feuille de papier. C’est d’ailleurs pour cette raison que le tritium est utilisé dans certaines montres, dans lesquelles sa radioactivité est utilisée pour rendre des éléments du cadran lumineux en permanence.
La technologie en soit est connue depuis longtemps. Mais jusqu’ici il n’était pas possible de produire dans un volume aussi réduit autant de courant électrique à partir de tritium. Cela a valu à son inventeur ukrainien Vladislav Kiselev les honneurs lors du Silkorsky Challenge, un prestigieux concours d’ingénierie. Là vous vous dites : ‘non, quand même, ils vont pas oser mettre un truc radioactif dans les smartphones’…
Mais “12 ans d’autonomie” quand la plupart des smartphones ne tiennent même pas une journée en utilisation normale ? Forcément cela fait tourner des têtes. Et des investisseurs chinois et turcs ont déjà fait montre de leur intérêt cette technologie. Ces derniers, selon Odditycentral, auraient clairement pour projet de mettre cette batterie au tritium dans notre poche. Mais est-ce vraiment une bonne idée ?
Batterie magique : la radio-toxicité du Tritium soulève quand même de nombreuses questions
Depuis les années 1950, on utilise le tritium en remplacement du radium dans les cadrans lumineux des horloges, car le radium matériau était trop dangereux pour le personnel qui le manipule et il est d’ailleurs désormais interdit pour cet usage. Cela étant, le problème ne serait pas tant dans la poche (à condition bien sûr que le tritium soit suffisamment bien confiné) que dans dans les rejets de ce gaz.
Dissout dans de l’eau que l’on dit alors “tritiée” le tritium pénètre facilement les muqueuses, et sa radioactivité, sans danger lorsque confinée, peut alors contaminer l’être humain. À cause de l’industrie, notamment horlogère qui l’a utilisé voire l’utilise encore, on trouve du tritium dans le “jus” des décharges publiques (qui porte le nom assez dégoûtant en soit de lixiviats). Cela signifie que le tritium utilisé dans l’industrie peut se retrouver facilement dans l’environnement.
On imagine alors les dégâts si des milliards de ces batteries se trouvaient dans nos smartphones ! En outre, le tritium est produit essentiellement dans les centrales nucléaires où il constitue un produit normal du fonctionnement des réacteurs. Pousser à son utilisation massive, c’est sans doute soutenir un peu cette industrie aussi quand même. Bref, on aimerait bien assommer Vladislav Kiselev avec Le Principe responsabilité de Hans Jonas.
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Ce philosophe allemand explore en effet dans ce livre paru en 1979, la question de l’énorme pouvoir de l’être humain sur son environnement que lui donne la technologie moderne. À lire de toute urgence si ces questions vous intéressent !