La plupart des espèces de singes devraient disparaître d’ici 25 à 50 ans
La plupart, soit quelques 60% des espèces de singes répertoriées dans le monde devraient disparaître d’ici 25 à 50 ans, s’alarment des primatologues dans une étude. Les activités de l’homme sont plus ou moins directement responsables de ces disparitions. La plus large part des populations de ces primates est concentrée dans quatre pays où ils sont en danger.
La plupart des primates que nous connaissons à ce jour pourraient donc avoir disparu d’ici la décennie 2040 ou 2070 au plus tard, si bien sûr des efforts significatifs ne sont pas menés pour endiguer le phénomène. La tâche pourrait se révéler ardue, d’autant plus que la plupart des populations se trouvent dans quatre pays en voie de développement : Madagascar, la République Démocratique du Congo, l’Indonésie et le Brésil.
Des gorilles aux gibbons, en passant par les wistiti, chimpanzés et autres lémurs, l’activité humaine, en particulier la déforestation, la construction de routes, abattage et le braconnage, posent un grave problème mondial. On apprend ainsi que 87% des espèces de Madagascar, 73% de celles du continent asiatique, 37% de l’Afrique continentale et 36% de celles de l’Amérique centrale et du sud sont menacées d’extinction à moyen terme.
En outre, les agriculteurs à proximité des forêts organisent parfois des abattages massifs pour protéger leurs cultures, faisant fi des normes internationales, et du statut de protection de l’ensemble des espèces de primates. Au Sierra Leone, par exemple, où ce type de pratique a été rapporté, ces campagnes d’abattage ont même eu l’aval du gouvernement dans les années 70.
Les primates sont menacés par l’activité humaine près de leur habitat ou chassés pour leur viande
Il y a aussi le problème de la “viande de brousse” en Afrique de l’ouest où on trouve encore de la viande issue de primates abattus sur les marchés. Près des mines d’Afrique centrale où l’on extrait le tantale, indispensable à la fabrication de composants électroniques que l’on retrouve, entre autres, dans nos smartphones, les mineurs qui travaillent dans des conditions extrêmement déplorables, chassent aussi les primates pour se nourrir.
Pourtant la préservation des primates est un enjeu important. Les singes ont beaucoup à nous apprendre sur nos origines. Et on ne cesse de découvrir de nouvelles espèces chaque année en partie à cause des maux qui les poussent à disparaître. La déforestation expose de nouvelles espèces, autrefois difficiles d’accès, mais qui, à peine découvertes, sont immédiatement mises sur la liste de celles en voie de disparition.
Alors que faire ? Les primatologues dont le Dr. MacKinnon insistent sur le fait qu’ils sont indispensables aux écosystèmes dans lesquels ils se trouvent, et qu’il faut mettre davantage l’accent sur leur préservation :
Il faut arrêter de les chasser et leur donner un endroit où vivre !
Préserver les primates implique de combattre la pauvreté dans le monde
Plus facile à dire qu’à faire. Surtout dans un monde rongé par la pauvreté et les inégalités : pour certaines familles, par exemple, chasser le singe ou participer à la déforestation est une question de survie. Les chercheurs proposent donc une approche holistique visant à trouver de nouvelles sources bon marché de nourriture pour les populations qui en ont besoin, et de développer des réserves naturelles dans le but de générer des revenus via le tourisme.
Ce n’est pas idéal, certes, mais au train où ça va, les populations vont disparaître inexorablement. Et les chercheurs de relever, avec une note d’espoir, que le Tamarin lion doré a été sauvé de la disparition suite à une initiative de préservation. Des réserves naturelles où la chasse ou toute menace sur leur habitat ont été interdites ont été mises en place en 1983, permettant de stabiliser une population de 3500 individus.