Proxima b : 3 raisons de ne pas déménager sur l’exoplanète la plus proche de la Terre Par Romain Bonnemaison le 29 août 2016 Après la découverte de Proxima b, une exoplanète “potentiellement habitable” dans le voisinage de la Terre, va-t-on déménager un jour, en masse, vers cette exoplanète ? De nombreux indices montrent en tout cas que ce nouveau monde ne sera probablement pas le paradis fantasmé. D’autant que la distance qui nous sépare de celle-ci reste un problème majeur. Et qu’on ne sait même pas encore si la planète a ou non une atmosphère ! On sait qu’elle existe, mais il nous reste encore beaucoup à apprendre sur Proxima b. L’exoplanète la plus proche de la Terre n’est pas encore un El Dorado vers lequel l’humanité pourra un jour déménager. Lorsqu’on aura rendu notre propre planète inhabitable. Voici trois raisons d’attendre encore un peu avant de faire nos valises. Proxima b est tout simplement trop loin de notre planète 4,23 années lumières, c’est peu et à la fois beaucoup. Une année-lumière représente la distance qu’un photon parcourt dans le vide en 365 jours. Du coup, en filant à 299 792 458 mètres par secondes, soit 1 079 252 848,8 km/h, 4,24 années sont nécessaires pour atteindre la destination. Nous ne serons jamais capables d’aller plus vite, théoriquement. Du moins sans casser les lois de la physique, puisque rien ne peut se déplacer plus vite que la lumière. Malgré tout, même si on était capables de voyager aussi rapidement, il nous faudrait tabler sur plus d’une dizaine d’années de voyage, a minima. Il nous faudrait en effet une immense distance pour s’élancer et atteindre cette vitesse. Et bien sûr une distance tout aussi grande pour décélérer. Il nous faudrait donc également une grande quantité d’énergie. Alors rêver, pourquoi pas, mais restons humbles : l’objet fabriqué par l’homme le plus rapide de l’univers, c’est la sonde Helios 2. Celle-ci a atteint le record de 252 292 km/h grâce à l’effet accélérateur de notre soleil. Si Helios 2 devait atteindre Proxima b du Centaure, cela lui prendrait donc autour de 18 000 ans. Et il faudrait bien viser car chaque instruction envoyée pour rectifier le tir prendrait plusieurs années à parvenir à un éventuel vaisseau ou sonde. Reste à inventer des moyens de propulsions plus efficaces. Les scientifiques planchent actuellement sur des modes aux noms pas toujours très sexy comme par exemple la “propulsion magnéto-plasmique à impulsion spécifique variable” mais aussi sur la voilure solaire. Côté atmosphère et radiations, on n’a aucune idée de ce à quoi nous devons nous attendre L’autre inconnue, c’est qu’on ne sait pas encore si la planète est dotée d’une atmosphère. Et lorsqu’on leur en parle, les scientifiques ne sont guère optimistes. Il faut bien comprendre que ce sont des traces, des indices de sa présence qui nous ont permis de découvrir Proxima b, de connaître sa masse et sur quelle orbite elle se trouve. Celle-ci est tellement proche de son étoile que son ombre est à peine perceptible. Or, d’après les calculs des scientifiques, Proxima b doit orbiter très près de son étoile, par ailleurs beaucoup plus petite que le soleil. Question eau liquide, en théorie, ce n’est pas un problème. L’étoile étant beaucoup plus petite que notre soleil, et deux fois moins chaude, il suffit à la planète d’orbiter beaucoup plus près de son astre pour remplir les mêmes conditions. Mais il y a un hic. Sur Terre, on s’en rend peu compte parce que nous orbitons loin du soleil et que notre planète possède une puissante magnétosphère. Mais les étoiles sont en quelque sorte de gigantesques explosions thermonucléaires qui survivent en raison de leur gravité et de la fusion d’éléments légers en éléments plus lourds. Bref, de près, on bronze aux rayons X, et il paraît que ce n’est pas très bon pour la santé. Le souffle de l’astre pourrait même avoir anéanti l’atmosphère de la planète. Seule lueur d’espoir, la présence éventuelle d’une puissante magnétosphère qui rendrait les niveaux de radiations au sol suffisamment bas pour que la vie puisse se développer. Si l’atmosphère est de composition similaire à la Terre, on aura besoin de gros pulls en laine toute l’année Proxima du Centaure est deux fois moins chaude que notre soleil. Et même si Proxima b se trouve 20 fois plus près d’elle que la Terre du soleil, les scientifiques s’attendent à des températures tout juste vivables pour les plus coriaces des organismes. Du coup, les chercheurs ont fait un rapide calcul : la température moyenne doit y être de -39°C. Mais il est tout de même permis d’espérer. En tenant compte des mêmes critères, on obtiendrait pour la Terre une température moyenne de -18 °C. Pourtant, aujourd’hui il fait 24°C à Paris, merci. La faute à qui ? Aux gaz à effet de serre, comme le CO2, le méthane et la vapeur d’eau. On peut donc espérer un phénomène similaire sur Proxima b. Aussi : C’est confirmé, on a bien découvert une exoplanète habitable près de la Terre De notre côté ce qui nous fascine le plus, c’est la vitesse à laquelle Proxima b tourne autour de son astre : 11,8 jours terrestres lui suffisent pour faire l’expérience des quatre saisons. Chouette ! Cela veut dire un été presque toutes les semaines… Alors on part quand ? Article précédent Le Japon veut peupler la Lune et Mars avec des robots d’ici 2030 juin 21, 2016 Article suivant SpaceX : comment la fusée Falcon 9 a explosé sur son pas de tir septembre 5, 2016