Sida : le mythe du “patient zéro” s’effondre grâce de nouvelles découvertes sur le VIH Par Romain Bonnemaison le 1 novembre 2016 Le “patient zéro” présenté comme la première personne ayant développé le Sida a pu être réhabilité suite à de nouvelles découvertes sur l’épidémie de VIH qui sévit depuis les années 1980. Le steward canadien Gaëtan Dugas avait été désigné au début de l’épidémie comme responsable de la contamination de plus de 40 personnes sur le premier millier recensé. Or il y avait des personnes atteintes au moins depuis les années 1960 aux Etats-Unis. Gaëtan Dugas, le steward désigné pendant 30 ans, à tort, comme le “patient zéro” de l’épidémie de VIH L’affaire semblait entendue. Le VIH avait été rapporté aux Etats-Unis puis en Europe à cause de la vie sexuelle trépidante d’un steward canadien homosexuel. L’homme, après avoir participé à un programme américain visant à étudier les premières personnes atteintes, avait été lié à plus d’une quarantaine d’autres personnes sur les 248 premières à être infectées. Quelques années après sa mort, son nom et son visage ont été associés à l’épidémie. Pourtant, tout serait parti d’une erreur, et d’une méconnaissance de la cause de l’épidémie. De nouveaux travaux présentés dans une publication dans la revue Nature le 26 octobre 2016, montrent en effet que l’épidémie pourrait avoir commencé aux Etats-Unis bien plus tôt qu’on ne le pensait. Ce qui remet totalement en cause nos connaissances sur le sujet. Ils ont ainsi minutieusement retracé le parcours du virus. Pour arriver à une conclusion enfin scientifique à la genèse de l’épidémie, les chercheurs de l’Université d’Arizona ont eu recours à la génétique. Il ont retracé la propagation des différentes souches du virus parmi plus de 2000 échantillons sanguins récoltés entre 1978 et 1979 chez des hommes homosexuels et bissexuels originaires de San Francisco et de New York. Ils sont parvenus à estimer bien plus finement le début des infections. Sida : l’épidémie de VIH avait commencé plus tôt qu’on ne le pensait On découvre ainsi un autre cheminement du virus. Il aurait quitté le continent africain avant de toucher les Caraïbes à la fin des années 1960. Il serait ensuite parvenu à New York en 1970 puis aurait pu être détecté à San Francisco en 1975. Surprise : les dates ne correspondent pas avec celles de l’infection de Gaëtan Douglas, puisque celui-ci aurait été infecté entre 1975 et 1977, soit au moins 5 ans après que des personnes aient été infectées à New York. Carte des débuts de l’épidémie / Crédits : Nature Les chercheurs ont ensuite montré qu’il n’avait pas pu participer de manière significative à l’épidémie, car leurs analyses montrent qu’il y avait déjà plusieurs milliers de personnes infectées aux Etats-Unis lorsque Gaëtan Dugas a à son tour été infecté. Ce n’est donc pas ce steward qui a rapporté seul le virus d’Haïti à New York où on sait qu’il se rendait dans ces années là. Ce que soulignent les chercheurs : Le VIH a activement circulé aux États-Unis, sans être repéré, dix ans avant la déclaration de l’épidémie en 1981 Homosexualité et “cancer gay” : des amalgames fréquents au début des années 1980 En outre, le mythe du patient zéro provient du livre du journaliste américain Randy Shitls And The Band Played On. Il y présente Gaëtan Dugas, mort trois ans plus tôt, comme le fameux “patient zéro”. Et d’y aller de sa vie sexuelle “hyperactive” comme catalyseur de l’épidémie. En outre, dans les années 1980 l’homosexualité est encore souvent montrée du doigt, et les amalgames se répandent comme une trainée de poudre. À sa décharge, le journaliste n’a pas choisi Gaëtan Dugas par hasard. Le Steward avait participé à une campagne d’un CDC qui l’avait lié à 40 des 248 premiers cas diagnostiqués au début de l’épidémie. Sur le tube de l’échantillon du canadien, contenant son sang prélevé en Californie, une inscription manuscrite “Patient O” avec un “O” pour “Overseas” (étranger), courante lorsque les analyses sont faites dans cet état sur des étrangers, aurait également été confondue avec le “0” de “patient zéro”. Via Via www.sciencesetavenir.fr/sante/sida-le-mythe-du-patient-zero-s-effondre_107784 Article précédent Un Russe veut qu’on greffe sa tête sur le corps d’un mort septembre 8, 2016 Article suivant Ce petit animal d’eau douce a un remède miracle contre l’infertilité novembre 14, 2016